"Vivre libre avec ma fille". C'est clair, net et précis. Et c'est ce que veut Sakinat Amiralieva, femme d'origine russe. Elle est professeur de russe au Daghestan une province de Russie. Elle refuse de se marier et de subir un homme qu'elle n'aime pas. Elle veut vivre libre, quoi de plus légitime ? Pour nous oui, mais les extrêmistes islamistes qui envahissent sa province à la chute de l'URSS vont en décider autrement. Pour eux, Sakinat n'est qu'une demi-femme insoumise car non mariée. Mais elle tient bon et on est époustouflé par son courage. Mais que faire face à des enfants qui se voilent de plus en plus, face à une pression que rien ne peut empêcher. Son seul courage ne peut faire flancher ces idéalistes, ne peut changer le cours de choses. Lorsqu'elle tombe enceinte et accouche de Patimat la sentence n'est pas longue à se faire entendre : elle a eu un enfant hors mariage, il faut la tuer et confier l'enfant à une bonne famille, pure. Ce qui est incroyable c'est que pour la première fois, on se dit que la chute de l'URSS est loin d'avoir apportée que des bonnes choses. En effet, grâce à une certaine volonté laïque et à une certaine pression du pouvoir, les extrêmistes religieux ne pouvaient faire ce qu'ils voulaient : imposer la charia. Mais quand cela s'effondre ils laissent libre cours à leurs envies. On voit le fanatisme de près, d'autant plus dur, que certains jeunes extrêmistes sont des anciens élèves de Sakinat. Elle va s'arracher à sa terre natale pour partir loin. On découvre l'accueil des immigrés en Allemagne et je peux vous jurer que nous, français, n'avons pas à pâlir de notre accueil des immigrés. Certes nous ne sommes pas parfaits mais à côté de l'Allemagne nous sommes plus ouverts tout de même. Elle finira en France, les médias ont d'ailleurs relayé le combat des mères des élèves de l'école Jean-Macé où Patimat était scolarisée. En effet, elles veulent que Sakinat puisse faire une demande d'asile en France (ce qu'elle ne peut pas faire, mais pour savoir pourquoi, je vous laisse le soin de lire ce livre...). Elle risque la mort dans son pays si elle y retourne ! Et elles ne savent qu'une chose : on ne peut expulser une mère sans son enfant, alors elles vont cacher à tour de rôle la fillette. Aucune n'hésitera, même en sachant le risque encouru qui se résume à 5 ans d'emprisonnement et 30000€ d'amende. Parce qu'elles sont mères. Parce qu'elles sont courageuses et solidaires. Ca fait du bien de voir qu'en France on sait se battre pour des causes qui le mérite. Je vous laisse découvrir la fin de livre, cette dernière page qui m'a fait pleurer. Parce qu'elle surprend, parce qu'elle se comprend, parce qu'elle paraît évidente, mais qu'on a peur jusqu'au bout.
